Diagnostic du vivant par l’expression spontanée

1 – Description de la méthode

Intention : En réponse à une problématique d’aménagement d’un territoire, nous explorons et transposons les besoins du vivant associés au lieu concerné à travers une expression collective sensible et brève.

Usages : Traduire, Comprendre, Soigner

Facilité de déploiement : Moyenne

Durée : 1 heure 30 minutes

Nombre de participants : Entre 4 et 15 humain·es

Rôles spécifiques : 1 facilitateur·rice, 1 scribe (optionnel)

Prérequis : Avoir une commande spécifique ou une décision à prendre en lien avec le lieu pour pouvoir interroger le lieu à bon escient. Choisir des vêtements qui ne craignent rien, pour se sentir libre de les abîmer (si l’on sent l’élan, par exemple, de se vautrer dans la terre en grognant … On est jamais trop prudent !). Accepter, simplement, de se laisser décentrer, d’être bousculé dans nos préjugés d’humains, dans nos ressentis et modes de perception du monde.

Matériel : de quoi éventuellement prendre des notes à la fin, pour le scribe. Optionnel : du rafia, pour la partie « land art ».

Déroulé type :

  • Identification d’un lieu, soit au préalable, soit sur place, choisir un lieu qui appelle cette méthode
  • Intro – 10’ (si besoin) :
    • Tour des prénoms, déroulé, cadre
    • Centrage en lien avec les sens, prise de contact avec le lieu
  • Détermination des besoins du lieu – 30 à 40’
    • Exploration individuelle sur le lieu à partir des sens : « Qu’est-ce que ce lieu a à nous raconter de son état ? Ce lieu a-t-il besoin de quelque chose ? »
    • Partage des ressentis, et synthèse sous forme d’une problématique ou d’un besoin : quelle est la question ou les questions que le lieu semble nous poser ?
    • Récolte sensible : chacun collecte 3 éléments clairement distincts sur ce site, qui se présentent à nous de façon évidente.
  • Diagnostic et soin du lieu – 30 à 40’
    • Création d’un espace rituel collectif sur place, selon les instructions du lieu (ces instructions sont données à travers le ou la facilitateur·rice du processus)
    • Rappel de la problématique
    • Chacun·e dépose tour à tour chaque élément collecté avec une phrase pour expliquer ou pour déclamer, tout en prenant soin de le placer de la façon la plus juste possible par rapport aux autres éléments déjà déposés dans le cercle. L’ensemble des éléments forme une sorte de carte, d’œuvre, de constellation, menant au diagnostic sensible.
    • Une fois que l’ensemble des éléments a été déposé, face à cette matérialisation sensible, on propose un temps d’imprégnation collective.
    • Puis chaque participant·e est invité·e tour à tour à laisser jaillir ce qui doit l’être : sous la forme d’un mot sensible (haïku …), d’un chant ou d’un mouvement. Ne pas retomber dans le langage quotidien et l’analyse de l’expérience. On est encore dans l’expérience elle-même, en mode « mon mental, t’es gentil, mais là, reste à l’écart, OK ? ».
  • Finalisation : centrage / retour dans nos individualités et gratitudes pour cette exploration – 5’ (en silence)
  • Partages des retours d’expérience et éléments de diagnostic sensible qui en découlent. Un scribe note les éléments pour le lieu « bénéficiaire » : « Je suis X et je préconise … » – 20’

Attention : Dans cette méthode, le destinataire des préconisations est le lieu lui-même, puisque nous lui demandons son état et son besoin. Question encore sans réponse : comment lui faire part de nos recommandations en retour ? A suivre dans la prochaine revue, peut-être ? Ou bien toi, lecteur·ice, tu as peut-être des réponses ?

2 – Retours d’expérience lors de la résidence méthode 2022

Date : 30 mars 2022

Lieu : Le Moulin de Hausse-Côte, Saints-en-Puisaye

Durée réelle : 45’

Nombre total de participant·es : 5

Facilitatrice : Aurélie Brunet

Contexte : Cette méthode avait déjà été prototypée lors du Laboratoire des Attachements 2021 puis lors de l’Assemblée de la Forêt 2021. Durant cette résidence méthode du Lichen, nous avons souhaité l’approfondir pour en dresser une version plus structurée et réutilisable.

Commentaires particuliers sur l’expérience : Le lieu a été choisi à partir d’un ressenti collectif négatif dans une zone en particulier (regroupant un cabanon à l’abandon, nivellement du sol particulier, grand oiseau mort au sol, passages escarpés, peu de lumière, la totale…) avec l’envie d’explorer davantage cette zone pour tenter de fluidifier l’énergie de ce lieu. La question qui a surgi fut : « Qu’est-ce que ce lieu a à nous raconter de son état ? De quoi ce lieu a-t-il besoin ? »

Le temps d’imprégnation s’est poursuivi spontanément par un chant partagé et apaisant, et par une mise en mouvement collective, comme une ronde. Nous avons laissé faire ce qui venait : des larmes, des mots, des gestes … C’était fun malgré le côté glauque du lieu, grâce au chant, surtout.

Finalement, les préconisations ont tourné autour de : “Permettez à ce lieu de vivre sa vie. Les autres qu’humains ont juste besoin d’être laissés en paix, longtemps. Si, vous humains, voulez intervenir, faites-le à la marge, en lisière du lieu, pour sa beauté”.